mardi 30 septembre 2008

La vie, selon les Y | Éditoriaux

Catherine Delisle
Le Quotidien

Étonnante, la génération Y? Ce qui est certain, c'est que les échos-boomers ne veulent pas devenir les clones de leurs parents.

Dès la petite enfance, les échos-boomers ont hérité d'un agenda aussi chargé que celui d'un Premier ministre: cours de violon, de piano ou de ballet. Parfois, les trois étaient au programme. Leur éducation n'aurait pas été complète sans quelques stimulantes activités sportives et de loisirs: ski, patin, hockey, judo.



À quatre ans, le petit connaissait son alphabet, les couleurs, les comptines à la mode, le nom des animaux et des fleurs et il comptait au moins jusqu'à 100. Ses principales émissions télévisées devaient être stimulantes, intéressantes et enrichissantes.

À la maison, les Y dialoguaient. Ils ont appris rapidement à s'exprimer et à négocier. À l'école, la communication orale a supplanté la communication écrite. C'était l'époque du savoir-dire, du savoir-faire et du savoir-écrire. Ils tutoyaient leurs professeurs comme s'ils étaient leurs amis intimes et ils s'adressaient aux parents de leurs amis par leur prénom.

Voici la génération Y, les enfants du divorce, trimbalés d'une maison à l'autre avec, en prime, une famille élargie qu'ils n'ont pas souhaitée, mais qu'ils subissent, et des parents qui entreprennent une nouvelle idylle tout en menant une carrière de front. Une vie archi compliquée, mais avec des tonnes de cadeaux.

Est-ce surprenant que les Y souhaitent se distinguer de leurs baby-boomers de parents?

Bienvenue à l'enfant-roi

Avec les 30 ans et moins aux commandes du Québec, quelle sorte de société aurions-nous? C'est la grande question qui a été posée aux jeunes dans le cadre d'un vaste reportage réalisé, en fin de semaine dernière, par le groupe Gesca, dont le Quotidien fait partie. Les réponses nous ont confondus.

Les échos-boomers sont écolos et ouverts sur le monde. Cela, nous le savions. Ce que nous ignorions, c'est que leurs valeurs penchent davantage vers la droite. Le syndicalisme et la souveraineté du Québec sont considérés comme de vieux concepts. Pour désengorger le service de santé public, ils favorisent une plus grande ouverture vers le privé. Parler anglais est une nécessité, pour eux, d'où l'importance de rendre cette langue obligatoire à l'école. Il n'empêche qu'ils s'inquiètent de l'avenir de la langue française. Ouf! Ils privilégient l'immigration. La sexualité et l'argent ne sont pas tabous.

Les enfants des baby-boomers recherchent l'âme soeur, l'amour avec un grand «A», les papillons dans le vendre, quoi! Mais, attention! Ils misent sur la fidélité. Ils refusent le concept du «prêt-à-jeter» dans le couple. Cette génération d'enfants uniques n'attendra pas d'avoir un bungalow, un gros revenu et un bon compte en banque pour avoir des enfants. Ils les veulent tôt dans leur vie. Avant 30 ans, de préférence. La famille supplante la carrière. C'est le retour du balancier!

Pas une copie conforme

Dans le fond, les Y ne sont pas si différents de leurs parents. Les enfants ont toujours refusé d'être un calque de la génération précédente. C'est connu!

Les baby-boomers, issus d'une grosse famille, habitués aux privations, ont refusé de reproduire ce modèle. Les jeunes filles ont étudié et acquis une indépendance financière. Elles sont devenues autonomes.

Les baby-boomers ont défendu des valeurs: la gratuité des soins de santé et de l'éducation. Ils ont travaillé à améliorer les conditions de travail, ils ont milité activement dans les syndicats. Ils ont voulu se donner un pays. Ces projets étaient les leurs.

Les enfants du millénaire, comme les nomment les sociologues, sont technos, bios, verts et instruits. Ils ne passent pas inaperçus. Ils ont une opinion sur tout. Ils ne craignent pas l'autorité. Attendons-nous à ce qu'ils révolutionnent le marché du travail et ce ne sera pas pour bosser 50 heures par semaine. Bienvenue les congés parentaux et la conciliation travail-famille! À leurs baby-boomers de patrons de s'adapter!

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