Photo: Jean-François Fecteau
26 Novembre 2008 à 18h31
L'arrivée dans l'entreprise des jeunes nés après 1980 a causé bien des chamboulements en entreprise, mais c’est loin d’être terminé selon Claude Ananou, professeur en management aux Hautes études commerciales de Montréal. En vague avec ce changement de mentalité, il est l’un des promoteurs de reléguer aux oubliettes le plan d’affaires pour encourager les porteurs d’idées de cette génération.
Entrepreneur invétéré, et membre du comité pédagogique de l’École d’entrepreneurship de Beauce, Claude Ananou a présenté une nouvelle démarche de création d’entreprise adaptée à la génération « Y » le 26 novembre dernier à l’Auberge Benedict Arnold de Saint-Georges.
« Je suis une des rares personnes à remettre en question l’utilité des plans d’affaires pour les entrepreneurs. Il a tellement dévié qu’il est maintenu devenu antientrepreneurial », souligne l’invité d’un déjeuner-conférence organisé par le Centre d’aide aux entreprises Beauce-Chaudière, en collaboration avec les CLD de Beauce-Sartigan, et des Etchemins.
Le plan d’affaires qui existe depuis près de 40 ans n’a pas évolué avec le temps, contrairement à tous les autres domaines liés à l’entrepreneuriat. « Alors que nous devrions être le plus entrepreneurs, nous utilisons le même outil depuis 40 ans. Deuxièmement, il s’agit du seul outil qu’on utilise pour cela. C’est la tyrannie du plan d’affaires », lance M. Ananou.
Depuis trois ans, M. Ananou travaille sur une alternative au plan d’affaires : le dossier d’opportunité. Au cours des deux dernières années, il l’enseigne aussi à ses étudiants de la génération Y aux HEC. Une formule beaucoup plus plaisante que le traditionnel plan d’affaires.
M. Ananou s’est aussi associé au CLD de Longueuil afin de développer le dossier d’opportunité chez les entrepreneurs étant donné que le plan d’affaires semblait trop astreignant pour les porteurs d’idées. Bref, selon une statistique de ce CLD, seulement 17 % des gens rencontrés reviennent dans l’intention de faire leur plan d’affaires. C’est pourquoi l’alternative a été proposée pour stimuler l’entrepreneuriat.
Le plan n’a pas son utilité
L’expert en entrepreneuriat affirme même que le plan d’affaires ne garantit pas le succès d’une entreprise. « On impose cet outil-là, et on n’a pas de résultat. On apprend aux gens d’être des écrivains de recettes, mais sans cuisinier », pense-t-il.
M. Ananou rappelle que le plan d’affaires a été instauré pour amorcer une démarche de réflexion afin de freiner les entrepreneurs trop fonceurs. Aujourd’hui, il estime que le balancier est trop du côté de la réflexion. « Un entrepreneur est considéré comme une personne d’action et de décisions », pense-t-il.
Cette alternative du plan d’affaires est plus concise et cible l’existence des besoins. En bref, le pourquoi de l’entreprise au lieu du comment. « En plus de la réflexion, on apprend aux gens de décider puisque c’est cela le métier d’entrepreneur », raconte M. Ananou.
Le dossier d’opportunité encourage donc les porteurs d’idées et redonne aussi cette flexibilité aux PME de profiter des occasions du marché plus rapidement. De plus, elle n’est pas nécessairement réalisée par écrit ce qui convient plus à la génération « Y » également explique le professeur aux HEC.
Une génération bien différente
M. Ananou a longuement décrit la nouvelle génération des entrepreneurs qui sera fort différente des baby-boomers plus formée, plus érudite et créative. C’est d’ailleurs par sa créativité qu’elle va se démarquer des pays émergents. « Notre génération “Y” sera très innovante à ce niveau-là », lance ce dernier.
Le conférencier caractérise cette génération par leur maîtrise des technologies de l’information, leur désire de contribuer et s’exprimer. Ces jeunes ont la capacité de travailler en équipe. Ils sont confiants, optimistes, idéalistes et soucieux de l’environnement. Ils ont aussi une vision globale et sont très intéressés à obtenir des résultats immédiats. La génération « Y » n’est pas prête à se sacrifier en entreprise contrairement aux baby-boomers. Elle veut conserver un certain équilibre vie-famille et accorde de l’importance aux loisirs.
Le professeur souligne aussi que la génération « Y » est caractérisée aussi par son désir de relever des défis quotidiens et avoir du plaisir au travail. Ces derniers doivent demeurer motivés pour demeurer en entreprise. « Les “Y” comme employé, vous allez les garder seulement deux ou trois ans si vous ne les gardez pas motivés. C’est pareil aussi pour la génération d’entrepreneurs. Ils auront une multitude d’emplois dans une multitude de secteurs », lance M. Ananou.
De plus, les entreprises devront trouver une façon d’attirer les travailleurs de la génération « Y ». « On va avoir une pénurie d’employés, et avant de savoir comment les motiver et les garder, il faudra savoir comment les attirer. C’est le premier challenge des PME et des grandes entreprises », croit M. Ananou.
Contrairement aux baby-boomers, de meilleures conditions de travail et salariales ne sont pas prises en compte lors d’une telle décision. « L’indépendance de jeunes de la génération “Y” fait qu’ils refusent même une promotion pour demeurer maîtres de leur temps », lance M. Ananou.
Parions que ce sujet fera partie d’une autre conférence de Claude Ananou.
vendredi 28 novembre 2008
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