A lire absolument si vous voulez comprendre cette génération née avec un ordinateur et consciente de ses possibilités, un article du Cefrio à point comme d'habitude. (JMR)Les entreprises éprouvent de plus en plus de difficulté à recruter le personnel dont elles ont
besoin ; la société québécoise a beaucoup évolué depuis les années 1970 et les jeunes, qui
ont grandi avec les technologies, expriment sur le plan professionnel des attentes
différentes de celles des baby-boomers. Votre organisation voudra-t-elle, ou plutôt, saura-
t-elle, les combler ?
R E S S O U R C E S H UMA I N E S E T T I
Les jeunes recrues :
si différentes à gérer ?
PA R R É J E A N RO Y
«Les statistiques montrent que d’ici dix ans,
le départ à la retraite des baby-boomers fera
en sorte que la génération Net représentera 45%de
la main-d’œuvre canadienne, note Sylvie Guerrero,
professeure de gestion des ressources humaines à
l’UQAM. En contrepartie, tout indique que beau-
coup d’organisations ne sont pas prêtes à faire face
à leur arrivée massive sur le marché du travail.»
En effet, « les modes de gestion des ressources
humaines actuellement en place dans les organi-
sations québécoises ont été créés pendant la
Révolution tranquille, souligne la scientifique. Ils
fonctionnaient bien dans la société de l’époque,
avec les jeunes de l’époque, mais ils sont mal
adaptés à la réalité d’aujourd’hui. Tout est main-
tenant à revoir, à repenser.
«Le problème, poursuit-elle, n’est pas que les
valeurs des jeunes Québécois sont complètement
différentes de celles de leurs aînés. Contraire-
ment à ce que l’on pense parfois, les études mon-
trent que la génération Net et les autres géné-
rations ont des attentes similaires face au travail.
Tout comme leurs aînés, les jeunes veulent
maintenant concilier le travail et la famille ; ils
recherchent plus d’autonomie, de bonnes possi-
bilités d’apprentissage et plus de mobilité, etc. »
Par contre, ces attentes semblent plus fortes chez
les jeunes qui n’ont jamais vécu dans des milieux
différents de celui dans lequel ils ont grandi.
«Un membre de la génération X qui a aujourd’hui
autour de 40 ans peut s’adapter à une culture de
travail autoritaire même s’il aimerait avoir davan-
tage d’autonomie, parce qu’il a été élevé de ma-
nière plus stricte, avance Sylvie Guerrero. Mais la
recrue de 20 ans qui arrive dans un système à
l’ancienne, un milieu dans lequel un patron direc-
tif lui dirait “Travaille fort et t’auras ta chance un
jour”, ne pourra s’en satisfaire. »
Un rythme dicté par les TI
«L’utilisation que les jeunes font des technologies
Détentrice d’un doctorat de l’Université
de Toulouse, Sylvie Guerrero enseigne au
Département d’organisation et de ressources
humaines de l’École des sciences de la gestion
de l’UQAM. À titre de cotitulaire de la Chaire en
gestion des compétences, elle s’intéresse plus
spécifiquement aux attentes de la génération
Net et aux stratégies qui permettent de
mobiliser les jeunes travailleurs.
Photo : Yves Lacombe